Quel est le rôle des champignons en forêt ?

Les champignons que l’on peut observer lors de balades en forêt représentent seulement une partie de ce qui existe. En effet, il peut exister jusqu’à 1000 espèces différentes dans certaines forêts et les champignons peuvent prendre la forme de spenores, faisceaux de filaments, parasites, mycorhizes…, vivant en majorité cachés dans la litière, le sol, ou le bois.

Les fonctions des champignons en forêt

En plus d’être une ressource alimentaire pour micro-organismes, mammifères, limaces, escargots ou insectes, chaque champignon a une fonction, ils peuvent être distingués en trois grandes catégories :

  • Les champignons décomposeurs ou saprotrophes : aux côtés d’autres organismes comme des insectes ou des bactéries, certains champignons se nourrissent de bois mort et de feuilles mortes, libérant les éléments minéraux de la matière organique en direction du sol, participant ainsi à la stabilité et la résilience des forêts à travers la fertilité du sol.
  • Les champignons symbiotes : un champignon peut entrer en symbiose avec un végétal à travers le réseau mycorhizien. Les mycorhizes sont des filaments reliés aux racines qui apportent des éléments nutritifs indispensables aux arbres en échange desquels les arbres apportent aux champignons des sucres provenant de la photosynthèse. Le champignon draine des sels minéraux, apporte phosphore, azote, eau, piège les métaux libres dont les excédents seraient toxiques pour l’arbre. Ainsi, les mycorhizes complètent le travail des racines, en augmentant le rayon de prospection de ces dernières. Dans nos forêts, tous les arbres sont mycorhizes. Ces champignons symbiotes sont indispensables puisqu’ils permettent une bonne croissance des arbres, une protection contre les pathogènes racinaires et une redistribution des ressources entre arbres. En effet, à travers ce réseau interconnecté, les mycorhizes permettent à des arbres moins favorisés ou à de jeunes plants de bénéficier d’une partie des ressources du réseau. Ce réseau peut réunir plusieurs centaines d’espèces de champignons par arbre et une vingtaine d’arbres par champignon. Dans un contexte climatique changeant, la diversité des champignons symbiotes augmente la capacité de résilience des peuplements forestiers. Cependant, avec l’accélération de la vitesse de déplacement des essences forestières, certains champignons ne peuvent plus être en symbiose avec leurs arbres et vice versa.
  • Les champignons parasites ou pathogènes : certains champignons infectent leur hôte, souvent à travers une blessure préexistante, précipitant ainsi la mort de sujets affaiblis. Ils sont des régulateurs. Cependant, le réchauffement climatique modifie et accélère ces relations et on en voit déjà des illustrations, par exemple l’encre du châtaignier ou la chalarose du frêne qui prennent de l’ampleur depuis plusieurs années. L’encre détruit les racines et provoque un dysfonctionnement hydrique entrainant la mort des arbres tandis que la chalarose pénètre les feuilles, infectent les rameaux qui, en tombant au sol, infectent le pied de l’arbre, créant des nécroses, obligeant l’arbre à renouveler son feuillage et l’épuisant peu à peu. Ces situations créent des situations sanitaires inquiétantes à échelle nationale pour ces essences touchées.

Les interactions arbre-champignon

Des programmes de recherche travaillent à l’amélioration de la production par introduction de plants mycorhizés. En effet, pour lutter contre les effets du changement climatique et renforcer la résilience des forêts, on peut choisir des essences adaptées, renforcer la diversité génétique des arbres mais aussi renforcer la diversité génétique des champignons associés. Ces interactions arbre-champignon ouvrent des perspectives d’application à la gestion durable.

Les champignons sont, selon leur nature, directement ou indirectement responsables de l’état d’un peuplement forestier puisqu’ils ont une influence sur le métabolisme et la physiologie des arbres. Pour cette raison, la cueillette est réglementée afin de protéger la ressource en limitant le prélèvement individuel. Aussi, le forestier veille, notamment lors des opérations sylvicoles, à laisser du bois mort sur parcelle afin que les champignons puissent continuer à se développer.

 

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